Ce que les podologues ne vous disent pas sur la différence essentielle avec la pédicure

Pédicure et podologue : comprendre la distinction essentielle pour mieux prendre soin de vos pieds #

Pédicurie : l’art du soin des affections cutanées et unguéales du pied #

La pédicurie englobe les actes qui relèvent du traitement des affections cutanées et unguéales du pied. Ce secteur cible des problématiques concrètes telles que les ongles incarnés – pathologie fréquente, responsable de consultations répétées surtout chez l’adolescent et la personne âgée –, cors, durillons ou callosités, éléments parfois douloureux, affectant la mobilité ou la pratique sportive.

Concrètement, la prise en charge par un pédicure mobilise des techniques en partie manuelles et instrumentales :

  • Débridement des cors et callosités, pour retirer les hyperkératoses douloureuses
  • Soins des ongles : élimination d’un ongle incarné, traitement des mycoses, régularisation de la plaque unguéale
  • Maitrise de l’hygiène pour prévenir l’infection et garantir la sécurisation de chaque intervention

Les soins dispensés s’effectuent sur des pieds sains ou à l’occasion de pathologies chroniques comme le diabète, où la surveillance podologique devient un enjeu médical central, reconnu par la Haute Autorité de Santé depuis 2019. Toutefois, le périmètre du pédicure s’arrête strictement aux affections de surface : il ne traite ni les troubles de la marche, ni les malformations osseuses ou articulaires, ni ne conçoit d’orthèses personnalisées.

Podologie : expert en biomécanique et orthèses sur-mesure #

La podologie s’inscrit dans une démarche biomécanique globale, incluant le bilan structurel et fonctionnel du pied et de l’appareil locomoteur dans son ensemble. Le podologue, professionnel de santé paramédical, analyse les troubles de posture, les malformations, les défauts d’appui ou de locomotion qui peuvent être à l’origine de douleurs multiples : talalgie (douleur du talon), aponévrosite plantaire, pathologies du genou comme le syndrome rotulien, lombalgies posturales.

  • Bilan podologique avancé : analyse statique et dynamique de la marche et de la course, souvent assistée par la plateforme de pression (Capteur GaitLine, RSscan) utilisée dans les cabinets parisiens et lyonnais de référence en 2023
  • Conception sur mesure de semelles orthopédiques (orthèses plantaires) pour corriger des déséquilibres ou soulager des douleurs chroniques
  • Suivi pluridisciplinaire avec les services de rééducation fonctionnelle des établissements tels que l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris ou le CHU de Bordeaux

Le recours à un podologue devient incontournable dès lors que la gêne implique une dimension structurelle ou biomécanique, qu’il s’agisse d’un enfant en croissance, d’un sportif de haut niveau ou d’un patient porteur de troubles neurologiques. Sa compétence va bien au-delà du simple soin cutané, intégrant un rôle de prévention des troubles de la posture, de rééducation et de conseil sur le chaussage adapté. Le podologue intervient en lien avec les orthopédistes, kinésithérapeutes et médecins du sport, dans des parcours de soins coordonnés depuis les nouvelles recommandations HAS 2022.

Un seul métier, deux champs d’intervention reconnus #

En France, depuis la généralisation du Diplôme d’État de pédicure-podologue délivré par le Ministère de la Santé à l’issue de trois années de formation supérieure intense, les compétences du pédicure et du podologue sont fusionnées au sein d’un seul et même métier réglementé. Tout professionnel exerçant sous cette double compétence doit :

  • Être diplômé d’État
  • S’inscrire au Tableau de l’Ordre National des Pédicures-Podologues (ONPP)
  • Se conformer au code de déontologie professionnelle

Cette regroupement légal s’explique par la transversalité croissante des pathologies rencontrées en cabinet de ville ou en centre hospitalier : une prise en charge efficace suppose souvent d’agir à la fois sur l’affection cutanée et sur la mécanique du pied. Cependant, la spécialisation existe : à Paris ou Lyon, certains cabinets privilégient la pédicurie spécialisée diabétique (fortement sollicitée après les recommandations nationales du Plan Diabète 2023), d’autres s’orientent vers la podologie du sport, collaborant notamment avec des fédérations, Fédération Française d’Athlétisme (FFA) ou FF Handball.

Différence avec l’esthétique : des actes exclusivement médicaux #

Il est crucial de distinguer le champ paramédical du pédicure-podologue, régi par des textes de santé publique, de la « pédicure » d’institut de beauté. Les soins esthétiques proposés par les salons relèvent avant tout de la mise en valeur (pose de vernis, modelage, hydratation superficielle), dans des contextes où aucune affection n’est présente. Ils sont dès lors strictement interdits de rotation sur les pathologies ou traumatismes du pied.

  • Instituts de beauté (Yves Rocher, Paris, Marionnaud Beauté, secteur cosmétique) réalisés par des esthéticiennes, formées à la beauté mais non habilitées à des soins médicaux
  • Absence totale de diagnostic, de prescription ou de suivi thérapeutique
  • Risques d’aggravation en cas de manipulation sur un pied à risque (diabétique, artéritique, mycosé, infecté)

En 2024, plus de 15 000 plaintes ont été recensées auprès du Conseil de l’Ordre pour soins inadaptés réalisés en milieu non médical, preuve de la nécessité d’orienter les patients fragiles uniquement vers des pédicures-podologues diplômés (source ONPP, 2024).

Choisir son spécialiste selon la problématique rencontrée #

Identifier le bon professionnel demande d’analyser le symptôme de façon claire : en cas de douleur chronique, de déformation, de blessure sportive récurrente, il convient d’opter pour un consultant pédicure-podologue. Celui-ci saura réaliser un diagnostic précis, prescrire des soins adaptés ou proposer une orthèse sur mesure, parfois en relation avec d’autres paramédicaux (kinésithérapeute, ostéopathe) et le médecin traitant si le contexte le nécessite.

  • Lésions cutanées ou ongles incarnés : prise de rendez-vous immédiate avec un pédicure-podologue
  • Douleurs de la marche ou déformation de l’avant-pied : nécessité d’un bilan podologique avec analyse du cycle de marche, modélisation 3D des appuis (Technologie Podo3D, 2024)
  • Prévention et éducation chez la personne diabétique, les sportifs en club, ou l’enfant en croissance

La confusion entre pédicure et podologue subsiste dans l’opinion publique, mais elle n’a plus lieu d’être. Nous préconisons d’opter systématiquement, devant tout symptôme, pour un professionnel enregistré à l’ONPP, seul gage d’une véritable prise en charge sécurisée et efficace.

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